
Intervention lors du Conseil municipal de Bordeaux le 23 février 2021
Monsieur le maire, Madame la 1ère adjointe, le 8 février dernier, l’audit de la gestion de la ville a été présenté aux élus en l’absence de la presse. Ses conclusions étaient claires : la précédente municipalité vous a laissé une ville en parfaite santé financière. Vous avez réservé vos commentaires aux journalistes dans une conférence de presse qui s’est faite juste après, déformant passablement les conclusions de l’audit, sans nous laisser la possibilité de répondre puisque nous n’y étions pas conviés. Une curieuse méthode, qui empêche tout débat démocratique.
Lors de cette conférence de presse, vous avez alors indiqué que « les dépenses somptuaires réalisées par l’ancienne majorité allaient gréver votre capacité d’action ». Nous aurions, je vous cite « bastonné au niveau des impôts pour financer des investissement de prestiges qui n’apportent rien aux bordelais ». Vous avez également indiqué que nous aurions délaissé les équipements de proximité pour pouvoir réaliser ces investissements.
Trois équipements sont particulière visés : la Cité du Vin, le grand stade et la Cité municipale. Or ces équipements ont fait l’objet d’une évaluation précise par la Chambre régionale des comptes, dans deux rapports publiés en septembre et octobre 2017. Les analyses de la Chambre régionale des comptes sont sans appel.
En effet, la chambre mentionne dans son rapport d’octobre 2017 que ces trois équipements ont fait l’objet d’une « évaluation de l’utilité sociale et économique ». Ces projets ont généré plusieurs dizaines de milliers d’heures de travail pour les habitants des quartiers prioritaires au travers des clauses d’insertion, et rien que pour la Cité du Vin, 150 emplois directs on été créés. L’utilité pour les bordelais a donc bien été évaluée, et l’impact social et économique est bien réel, contrairement à ce que vous affirmez.
De plus, la Chambre note je cite qu’ « une cinquantaine d’équipements nouveaux ont été mis en service entre 2010 et 2017 ». Les équipements de proximité n’ont donc pas été délaissés contrairement à ce que vous dites. La Chambre régionale des comptes donne des détails sur ces équipements que vous qualifiez de « somptuaires ».
La cité du Vin a été financée à hauteur de 20 millions d’euros, soit le tiers du projet, par du Mécénat. Elle constitue un atout majeur en terme d’attractivité, de tourisme et développement économique. Mais je sais que vous êtes en faveur de la « décroissance » et que vous êtes contre l’attractivité économique de notre ville, même si elle permet de créer de l’emploi. Cette Cité du vin constitue un très grand succès : elle a eu 1 million de visiteurs en 2 ans, 70% de français, 30% d’étrangers de 176 nationalités différentes. Le parisien affirmait en 2018 qu’il s’agissait d’« une création architecturale unique, qui commence à faire des envieux, plusieurs grandes villes du monde ont fait acte de candidature pour créer elles aussi des cités identiques »
Le Grand stade a quant à lui été financé à hauteur de 20 millions d’euros par le Club résidant. Sur son coût pour le contribuable, je cite le rapport de la Chambre régionale des comptes : « La part des collectivités bordelaises dans le financement du coût complet n’est pas majoritaire. Leur effort financier résiduel devrait s’élever à moins de 3 millions d’euros par an. Les collectivités ont su ainsi ériger un modèle financier relativement peu onéreux». En outre, le transfert du Grand stade à la métropole est conforme à la loi MAPTAM : il s’agit d’un équipement d’intérêt métropolitain, et Bordeaux n’a pas à assumer seule les charges de centralité. D’ailleurs vous envisagez de transférer d’autres équipements comme l’Opéra…
La Cité municipale a permis quant à elle d’améliorer la qualité de vie au travail de 800 agents de la ville et du CCAS, en les regroupant dans un même lieu, afin de leur permettre de travailler en proximité et de bénéficier d’une restauration collective. Elle a été financée à près de 50% (30 millions d’euros) par la vente d’immeubles dans lesquels les agents étaient hébergés et qui commençaient à être vétustes.
Ces équipements ont donc démontré leur utilité, et n’ont pas grevé les capacités d’action de la Ville contrairement à ce que vous affirmez. D’ailleurs les conclusions de l’audit démontrent que vous ne dites pas la vérité : les ratios sont bons avec 14,1% d’épargne brut, beaucoup plus que les 10% préconisés, et Bordeaux dans le top 6 national malgré la redevance liée au grand stade (2,5 millions d’euros). De plus, la capacité de désendettement à 4,4 ans quand la côte d’alerte est à 12 ans selon la Cour des comptes. Vous pouvez toujours essayer de déformer la réalité, mais les chiffres sont têtus. Les équipements que vous dénoncez n’ont donc rien de « somptuaires », les équipements de proximité n’ont pas été délaissés, et la Ville a été très bien gérée. Vos capacités d’action sont donc préservées contrairement à ce que vous affirmez.
Cet audit ne nous a absolument rien appris de nouveau : il est conforme aux analyses réalisées par les services financiers municipaux. Quand j’entends qu’il a coûté 40 000 euros au contribuable bordelais, je me dis que c’est vraiment de l’argent public gaspillé.