Discours prononcé dimanche 29 avril 2018 12h30 dans les salons de l’Hôtel de Ville
Mesdames et messieurs les élus, Mesdames et messieurs les représentants des Anciens combattants et des Autorités militaires, Mesdames et Messieurs,
« Le souvenir commence avec la cicatrice », écrivait le philosophe Alain. Nous sommes réunis aujourd’hui pour nous souvenir de l’ensemble des victimes et héros de la déportation, cette machine d’extermination conçue et mise en œuvre par le régime nazi il y a plus d’un demi-siècle.
Il est de notre devoir de rappeler ce que fut l’une des plus effroyables et honteuses pages de notre Histoire. La déportation fût une implacable machine à déshumaniser, à exterminer hommes, femmes et enfants au nom d’une funeste idéologie.
Avec la collaboration servile du gouvernement de Vichy et de l’Etat français, plus de 140 000 personnes furent déportées : parmi elles environ 76 000 juifs, plus de la moitié furent gazés à leur arrivée et seulement 3% d’entre eux survécurent.
Entre 75 et 85 000 Tsiganes, homosexuels, communistes, résistants et opposants ont également été déportés vers les camps de concentration et d’extermination. Au total plus de 100 000 déportés français ne revinrent jamais.
Des millions d’êtres humains, à travers l’Europe, furent réduits à l’état d’un matricule tatoué sur le bras et expédiés à la mort dans les chambres à gaz ou les fours crématoires.
Parmi les innombrables horreurs de la seconde Guerre Mondiale, la déportation vers des camps de concentration et d’extermination est sans doute la plus insoutenable.
Cette extermination planifiée témoigne de la barbarie absolue dont l’Homme peut se révéler capable. Commémorer la déportation, c’est se souvenir de ces millions d’innocents déportés, honorer la mémoire de ces prisonniers déchus de toute dignité, s’incliner devant leur courage et manifester par notre présence le devoir de mémoire.
Avec un respect infini, nous honorons la mémoire de ceux qui ne sont jamais revenu et nous disons notre admiration à ceux qui ont survécu.
Dans quelques années, les rescapés des camps ne seront plus là pour témoigner, nous devons être les passeurs de cette mémoire pour les jeunes générations.
En nous remémorant les heures tragiques de notre Histoire, nous défendons les valeurs anéanties par le régime nazi : la liberté, l’égalité, la fraternité, la dignité et le respect de l’autre.
Paul Eluard, poète et résistant, écrivait « si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons ». Ces quelques mots sont si forts et si juste, n’oublions pas ces victimes de la barbarie humaine afin que jamais ne se reproduise une telle atrocité.
Les leçons de l’Histoire nous appellent à faire preuve d’une extrême vigilance et de la plus grande détermination dans la défense des droits de l’Homme, de la dignité humaine et des valeurs qui fondent notre république.
Dans un monde qui tend à perdre ses repères, en proie à des tensions de toutes sortes, certains incitent à la guerre des religions, attisent les intégrismes et font le choix du communautarisme.
La lutte contre l’oubli, l’ignorance, l’intolérance, la haine et le racisme reste aujourd’hui l’un des combats les plus nécessaires et les plus justes. Comme l’a écrit Hannah Arendt « la vie n’est pas une force pour la violence, mais pour la liberté. »
A nous de faire en sorte que l’homme consacre ses forces à l’édification d’une société et d’un monde de justice, de paix et de solidarité. C’est donc avec beaucoup d’humilité et une profonde émotion, que je souhaite rendre hommage aujourd’hui à tous les déportés.
Nous exprimons un vœu lors de cette commémoration : que plus jamais l’Histoire ne soit souillée d’une telle barbarie. Avec force et rigueur, nous devons faire de notre devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » le socle indestructible de nos valeurs.
Je vous remercie.