Mémoire de l’esclavage : oui au débat démocratique, non à la calomnie !

Il y a quelques jours, Karfa Diallo publiait ma photo sur les réseaux sociaux, m’accusant d’être “ignorant” et “arrogant”, suite à son exclusion de la commission extra-municipale sur la mémoire de l’esclavage et de la traite négrière. Ces violentes attaques ad hominem ont été suivies de commentaires haineux de la part des soutiens de Monsieur Diallo : “tête de l’arabe de service”, “leucoderme”, “descendant des premiers esclavagistes d’Afrique”, faisant référence à mes origines, à la fois française et algérienne. Bien entendu dans ces publications, pas un mot sur les raisons qui ont amené, non pas moi mais la Mairie de Bordeaux, à prendre cette décision. Il est temps de rétablir la vérité.

Quand j’ai été élu en 2014, les relations entre la Mairie de Bordeaux et Karfa Diallo étaient au plus mal. Ce dernier était isolé et ne bénéficiait d’aucune subvention pour ses actions. De plus, personne ne voulait travailler avec lui car il était connu pour un certain nombre d’esclandres : démission de la Commission Tillinac sur la mémoire de l’esclavage en 2005, tentative d’empêcher le discours de Mickaëlle Jean, Gouverneure générale du Canada, lors des commémorations du 10 mai 2008, enchaînement à la statue de Jacques Chaban Delmas place Pey-Berland, etc.

EsclavagePartant du principe qu’un nouvel interlocuteur pouvait permettre de fédérer plus largement, et armé d’une certaine naïveté qui m’avait laissé espérer que l’âge lui avait amené une certaine modération, j’ai tenté de recréer du lien avec Karfa Diallo. J’ai pris la décision de l’inviter à siéger dans une première commission sur les questions de la traite négrière et de l’esclavage visant à coordonner l’ensemble des initiatives. Dès les premières réunions, l’ambiance fut explosive : les tensions entre Karfa Diallo et les autres associations rendaient difficiles toute discussion. Depuis 2014, je me suis démené pour trouver des financements, qui s’élèvent à ce jour à 18 000 euros. Malgré les tensions avec les autres associations et les services municipaux, ainsi que les dossiers qui tenaient rarement la route sur le plan administratif, j’ai toujours fait mon maximum pour que l’association Mémoires et Partages soit soutenue. Je suis intervenu à de nombreuses reprise en sa faveur. Je suis venu au “Dîner de la liberté” que l’association organise. Nous avons accueilli à l’Hôtel de Ville la commémoration de la 1ère abolition de l’esclavage qu’elle organisait. Pour résumer, j’ai fait mon maximum, comme je le fais pour toutes les associations dont la démarche me semble aller dans le bon sens.

J’ai même proposé à Alain Juppé que Karfa Diallo participe à une nouvelle commission de réflexion sur la traite négrière et l’esclavage. Cette commission a commencé ses travaux il y a deux ans, et dès le départ il y a eu des difficultés : certains experts, comme les historiens Rafaël Lucas ou Jacques de Cauna, n’ont pas voulu être auditionnés par la commission en présence de Karfa Diallo. Les relations avec les autres membres de la commission ont été d’emblée difficiles, avec des invectives personnelles et une attitude fort peu constructive. Les tensions étaient de plus en plus palpables au fil des réunions, jusqu’à cette journée du 16 janvier 2017, où Karfa Diallo est arrivé en ne disant bonjour à personne. Les auditions se sont déroulées dans une ambiance électrique, son attitude et ses propos étaient totalement déplacés, tant vis-à-vis des autres membres de la commission que des personnes auditionnées.

On sentait qu’il y avait un malaise ambiant, et pour cause : l’association Mémoires et Partages souhaitait présenter un projet “Ecole des mémoires” à inscrire dans les propositions qui devaient être transmises à Alain Juppé. Bien entendu, ce projet ne pourrait voir le jour que si la Mairie le finançait. C’est d’ailleurs la seule et unique fois qu’une association auditionnée a proposé à la commission un projet qu’elle mènerait elle-même avec des fonds publics. Il est apparu qu’à part Karfa Diallo, personne ne soutenait ce projet dans la commission, celui-ci se résumant à créer une “maison” sur la thématique de l’esclavage, alors que nous avons déjà les salles du Musée d’Aquitaine. De sa place de commissaire, Karfa Diallo l’a pourtant défendu, consommant ainsi totalement le conflit d’intérêts dans lequel il était. Le ton n’a fait que monter pendant toute la journée pour terminer par une agression verbale très violente vis-à-vis de l’une des membres de la commission. Cette agression n’était malheureusement pas la première…

Suite à cet incident, les membres de la commission étaient extrêmement perturbés, et il était impossible de poursuivre le travail. J’ai alors questionné les services de la ville de Bordeaux sur l’existence d’un conflit d’intérêts, et j’ai informé Alain Juppé de la situation. A ce stade, il n’y avait que deux alternatives : cesser définitivement les travaux de la commission, ou en exclure Karfa Diallo en raison de son comportement et du probable conflit d’intérêts. Les services de la Mairie de Bordeaux ont eux-mêmes commandé une analyse juridique, dont la réponse fut sans appel : Karfa Diallo était bien en conflit d’intérêts, en tant que juge, dans une commission qui devait statuer sur des projets, et partie, de par celui que portait son association.

En novembre 2017, son exclusion de la commission lui a été notifiée par les services de la Mairie de Bordeaux en lui proposant d’être “l’interlocuteur privilégié de la commission”, et non pas par moi-même, comme il l’indique sur les réseaux sociaux. Depuis, Karfa Diallo n’a de cesse de nous attaquer, sur les rues portant des noms de négriers, dont il assainait qu’il y en avait une vingtaine, alors qu’en réalité 6 rues seraient concernées. Ses accusations sur l’indépendance de la commission, présidée par un élu, et sur les autres membres de la commission, qui seraient tous incompétents, m’amène à me poser la question suivante : si la commission est composée d’incompétents et qu’elle n’est pas indépendante, pourquoi Karfa Diallo a-t-il accepté d’en faire partie ?

Comme à son habitude, Karfa Diallo me traitera de menteur mais toutes les informations de ce texte sont vérifiables auprès des différentes personnes concernées. J’ai toujours essayé de créer du consensus, et d’associer au maximum les acteurs associatifs, les citoyennes et les citoyens, dans les politiques que je menais. Mais, malheureusement, il y a des personnes avec lesquelles il est impossible de travailler. La Mairie de Bordeaux n’est pas la seule à rencontrer des difficultés avec Karfa Diallo. En effet, d’autres municipalités en ont déjà fait les frais, et ont renoncé à travailler avec lui compte tenu de son comportement.

Le caractère blessant de ses attaques à mon encontre, et racistes de celles de ses soutiens, ne doivent pas mettre de côté le fait que ces polémiques stériles créent des interférences et desservent le véritable enjeu : développer et amplifier le travail de mémoire sur l’esclavage et la traite négrière à Bordeaux. Malgré les tentatives de déstabilisation, je ne perdrai jamais de vue cet objectif primordial pour lutter contre le racisme et reconstruire notre lien social.

 

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