Intervention en Conseil Municipal au sujet du CAPRI

Intervention devant le Conseil Municipal de Bordeaux le 26 septembre 2016 au sujet du Centre d’action et de prévention contre la radicalisation des individus, le CAPRI. 

Monsieur le Maire, mes chers collègues, neufs mois après l’ouverture du CAPRI je tenais à profiter de l’occasion du vote de cette délibération pour vous faire un rapide compte-rendu de son activité.

A ce jour, 33 individus ont été suivis par le Centre, essentiellement par deux psychologues, et avec le concours de deux psychiatres détachés des hôpitaux. La moitié ont été orientés vers le Centre la Préfecture, l’autre moitié sur demande des familles elles-mêmes. 40% sont des femmes, 60% des hommes. La moyenne d’âge est de 22 ans : le plus jeune a 13 ans et le plus âgé a 36 ans. Un tiers vit en zone rurale. Ils sont français, et pas tous issus de l’immigration, loin de là… Je ne vois donc pas le rapport avec la crise des réfugiés et la question de l’immigration qui viennent d’être évoquées.

On retrouve globalement 3 groupes distincts parmi les individus suivis. Tout d’abord, des individus qui ont des troubles psychiatriques – les psychiatres parlent de délires mystiques – et qui peuvent être dangereux. La question du rôle des pathologies psychiatriques dans la radicalisation est discuté par les experts. Depuis la tuerie de Nice, avec un tueur qui avait été diagnostiqué comme psychotique et qui avait avec lui des armes en plastiques, c’est à dire des jouets, on ne peut plus écarter cette question. Le rôle de CAPRI est alors de faire le diagnostic s’il n’a pas été fait et d’organiser l’accès aux soins.

Il y a ensuite des jeunes qui présentent des facteurs de vulnérabilité : le plus souvent qui sont dans un « islam intégral », convertis ou néo-convertis depuis peu. Le rejet de la part de leur famille et de la société peut les pousser dans les bras de DAECH qui leur promet une place dans la communauté, une fonction, un mari ou une femme et une solde de 1000 dollars. Le lien entre rejet social de l’islam intégral et adhésion au djihadisme a été constaté empiriquement par les Canadiens. Le rôle de CAPRI est alors de détendre et « décrisper » l’entourage du jeune pour favoriser sa resocialisation, et de l’accompagner vers un espace de parole.

Enfin, nous avons des jeunes en lien avec DAECH : ce sont les cas les plus difficiles. On retrouve souvent des traumatismes psychiques et familiaux importants. La prise en charge est essentiellement psychologique et psychiatrique. Ils sont en général très jeunes.

Voilà ce que nous voyons de notre place. Il est à noter que nous n’avons pas tous les cas : c’est l’Etat major de sécurité qui décide de nous envoyer ou non certains individus. Les moins radicalisés sont envoyés vers la cellule préfectorale de prévention de la radicalisation. Ceux qui sont dans des filières djihadistes doivent pouvoir bénéficier d’un suivi de la DGSI sans qu’ils le sachent : la saisine du CAPRI dévoilerait le fait que les individus ont été repérés. Ceux qui nécessitent une prise en charge coordonnée, et qui ne sont pas dans une filière, nous sont orientés.

Pour conclure, je dois dire que c’est un projet qui suscite beaucoup d’intérêt : nous aurons les visites dans les prochaines semaines du Directeur général de l’Agence régionale de santé, de la nouvelle Secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, du délégué interministériel à la jeunesse, ou encore d’une délégation de la Ville de Strasbourg. Le CAPRI vient en outre de signer une convention avec la Direction inter-régionale de la Protection judiciaire de la jeunesse, afin de proposer une guidance professionnelle et une formation de leurs équipes.

img_6153Signature de la convention entre le CAPRI et le directeur inter-régional de la Protection judiciaire de la jeunesse Yves Dumez le 16 septembre dernier.

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