« Je serai le maire de tous les bordelais ». C’est par ces mots, prononcés en général par les maires nouvellement élus, et notamment par Alain Juppé en 2014, que le candidat d’un parti et d’un camp passe au statut de maire et incarne sa ville. Ces mots, je ne les ai jamais entendus dans la bouche de Pierre Hurmic. Sécurité, stationnement payant en fonction des revenus, arbre de Noël, changement de la charte graphique de la Ville, référendum sur les animaux, interdiction des voitures en centre ville, autant de décisions et de déclarations qui interrogent sur la prise en compte des attentes et des difficultés rencontrées par les habitant.e.s de Bordeaux.
Alors que Bordeaux connait une vague sans précédent d’agressions à l’arme blanche et de faits divers, la nouvelle municipalité a dans un premier temps expliqué que la sécurité était de la compétence de l’Etat. Le Code général des collectivités territoriales est pourtant très clair : « Le maire est l’autorité de police administrative au nom de la commune. Il possède des pouvoirs de police générale lui permettant de mener des missions de sécurité, tranquillité et salubrité publiques ».
La sécurité est donc d’une compétence partagée avec l’Etat, et renvoyer la responsabilité aux autres constitue un moyen peu éthique de ne pas assumer son rôle. Face aux critiques de plus en plus vives concernant ce défaussement, Pierre Hurmic a annoncé quelques mesures, qui avaient été initiées par Nicolas Florian, pour endiguer le phénomène. Après plusieurs semaines de déni, des décisions sont enfin prises, avec du retard et de manière très limitée. On nous promettait une « démocratie permanente » par « l’intelligence collective », et il aura fallu attendre de longues semaines pour un début de prise de conscience. Les victimes de ces agressions et toutes les personnes qui ne se sentent pas en sécurité ont le droit d’être entendues. Leurs attentes doivent être prises en compte. Où sont les débats publics et les concertations promis pendant la campagne pour une véritable « coproduction des politiques municipales » ? Sur ce dossier, l’idéologie anti-sécuritaire est à l’œuvre.
D’autres décisions ont été prises sans la moindre concertation : suppression de l’arbre de Noël place Pey-Berland afin de ne plus exhiber un « arbre mort » (sic), stationnement payant en fonction des revenus qui revient à augmenter les taxes pour les classes moyennes notamment, interdiction à terme des voitures en centre-ville, vidéo en faveur du référendum pour les animaux en décalage total avec la réalité de terrain à Bordeaux… autant de décisions et de déclarations déconnectées du terrain. Où est la « démocratie permanente » ? On se le demande.
De manière qui semblerait au premier abord plus anecdotique, mais les détails sont parfois révélateurs, le changement de la charte graphique de la municipalité. Depuis très longtemps, les logos sont en rouge et rouge « Bordeaux ». Sans aucune référence politique bien entendu. La charte graphique est désormais verte, en référence à la couleur de la nouvelle majorité municipale. Nous sommes prévenus : cette nouvelle majorité met au premier plan, non pas le pragmatisme apolitique pour répondre aux problématiques de terrain, mais une idéologie écologique qui veut tout englober, tout régenter, tout décider, en imposant la vision d’une minorité.
Nous traversons une période difficile. Crise sanitaire extrêmement préoccupante, crise sociale, crise sécuritaire, montée des fractures de notre société… Prendre des décisions pour 250 000 personnes à l’aune de l’idéologie de quelques-uns ne peut qu’aggraver les choses. Dans ces moments où notre pacte social est fragilisé, un maire doit rassembler et non opposer ses administré.e.s. Les décisions doivent être concertées et doivent fédérer. Il n’est pas facile de se glisser dans le costume de maire après 25 ans d’opposition. Si Pierre Hurmic ne prend pas de la hauteur très rapidement, les polémiques vont se succéder, gênant ainsi la mise en place d’une politique municipale véritablement aux services des habitant.e.s de notre ville.