Discours prononcé le 14 octobre à l’Hôtel de Ville à l’occasion de la manifestation « Vive la Fraternité à Bordeaux » organisée par l’Eglise Protestante Unie de France (photos de Jean-Baptiste Rozier).
Pasteur François Clavairoly, Président de la Fédération protestante de France, Pasteur Valérie Mali, Présidente du Pôle FPF Bordeaux, Père Lacombe, Evêque auxiliaire, Père Dautais, représentant l’Eglise Orthodoxe, Madame Delaunay, ancienne ministre, Messieurs les Consuls, Mesdames et Messieurs,
Le 31 octobre 1517, Martin Luther affichait ses Thèses sur les portes de l’Eglise de Wittenberg lançant ainsi, et sans le savoir, le mouvement de la Réforme protestante. Il va sans dire que le Réforme a engendré des bouleversements politiques en Allemagne mais aussi en Europe. Associée à l’humanisme, elle a transformé la vision de l’homme en insistant davantage sur la liberté et la responsabilité de l’individu. Son idéal d’éducation a laissé une profonde empreinte dans la société, dans les sciences et dans les arts. Toutes ces répercussions sont palpables jusqu’à nos jours. Cet anniversaire est l’occasion de commémorer une mutation qui, aujourd’hui encore, incite les hommes à oser la nouveauté, à façonner le monde, à transformer la société et à s’engager en faveur de la vie.
Bordeaux a une longue histoire avec le protestantisme. Les idées de la Réforme, y ont rapidement suscité l’intérêt des milieux religieux et parlementaires, et ont été diffusées par le Collège de Guyenne. La première église a été dressée en 1560 et animée par deux pasteurs. Le Parlement de Bordeaux fut même le 1er en France à reconnaître officiellement le droit d’Henri IV à la couronne de France ! L’Eglise réformée de Bordeaux assume, dans la fidélité, une histoire marquée par la volonté permanente de service et de présence dans la cité.
Les grandes familles réformées, venues des pays anglo-saxons pour s’établir sur le quai des Chartrons ont pesé dans la vie politique locale. Tout au long du XIXème siècle quel que soit le régime en vigueur, royaliste, républicain ou bonapartiste, il y a toujours eu des protestants parmi les édiles bordelais. Aujourd’hui encore, des membres Conseil Municipal appartiennent au culte réformé, comme par exemple ma collègue Arielle Piazza ici présente.
La communauté protestante est engagée dans la vie civique et s’implique particulièrement dans le travail social à travers le Diaconat de Bordeaux, le Foyer fraternel, la Maison protestante de retraite, la Fondation Bagatelle, la Résidence Jacques Ellul, l’Association Marie de Luze, le réseau 32, Amos ou encore l’épicerie solidaire. J’ai peut-être oublié certaines structures et je m’en excuse, tant il est difficile d’être exhaustif compte tenu de leur foisonnement.
A Bordeaux, comme ailleurs, les Protestants ont contribué à écrire l’histoire de la République. Ils ont apporté leurs valeurs, leur éthique, leur travail, mais aussi leur esprit de résistance. Parmi eux, Ludovic Trarieux (fondateur de la ligue des droits de l’homme), Jean de la Ville de Mirmont (poète), la diva Hortense Schneider, le sage Camille Jullian, le résistant Henri Salmide, et 5 maires de la ville de Bordeaux : David Johnston, Alexandre de Bethmann, Emile Fourcand, Albert Brandenburg, Adrien Baysellance, tous connus pour leur sensibilité aux questions sociales.
A Bordeaux, les habitantes, quelque soit leur confession, vivent en harmonie. Notre ville, terre de tolérance et d’accueil est l’exemple d’une excellente cohabitation interreligieuse et interculturelle. La rencontre des religions et des cultures est une source d’enrichissement et non d’affrontement. La Ville de Bordeaux a fait de la lutte contre les discriminations une de ses priorités. Bordeaux est un lieu de rencontres et d’échanges, un espace public où chacun, sans rien renier de ses origines ni de sa culture, à la volonté de faire société commune avec ses concitoyens.
La Ville de Bordeaux promeut l’union dans la diversité notamment par « Bordeaux Partages » à laquelle le Pasteur Mali participe, une instance qui réunit les responsables des grandes religions et spiritualités de la Ville : chrétiens, catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, musulmans, bouddhistes… La dernière conférence interreligieuse et citoyenne a eu lieu en septembre sur le thème : « Femmes et religions ». Un thème sur lequel il y avait beaucoup à dire…
La ville organise également tous les ans la Quinzaine de l’égalité, de la diversité et de la citoyenneté dans laquelle le culte protestant a chaque année sa place. La prochaine édition se déroulera en Novembre, avec plus de 120 actions, dont une rencontre islamo-chrétienne. Bien entendu, nous poursuivrons ce dialogue fructueux. Le combat contre l’ignorance, l’obscurantisme, l’intolérance, la haine et le racisme reste aujourd’hui, et pour l’avenir, un des combats les plus nécessaires et les plus justes.
L’éthique protestante est animée par l’esprit d’ouverture, de tolérance et de dialogue. La confiance et le respect de l’autre sont, pour vous, des valeurs primordiales. Je citerai Martin Luther : « Le chrétien est l’homme le plus libre ; maître de toutes choses, il n’est assujetti à personne. L’homme chrétien est en toutes choses le plus serviable des serviteurs ; il est assujetti à tous ».
500 ans plus tard le message de la Réforme peut encore éclairer la compréhension du monde et susciter des engagements au cœur de l’histoire.
Je vous souhaite, au nom d’Alain Juppé, une très belle célébration des 500 ans de la réforme.