Depuis que je suis élu à la ville de Bordeaux, la visibilité de mon activité d’élu a pris le pas sur celle, plus ancienne, de professionnel de santé engagé pour le droit à la santé.
Il y a bientôt 16 ans, j’obtenais mon diplôme d’Etat de masseur-kinésithérapeute. Après différents remplacements, je m’installais quelques mois après en cabinet de ville à Bordeaux avec un confrère. Très vite, mon goût de l’engagement et de la participation citoyenne m’ont amené à participer à différents projets dans le champ de la santé. A cette occasion, j’ai constaté que les médecins faisaient le même constat que moi : sur Bordeaux, il n’y avait plus à l’époque de système de garde de kinésithérapie respiratoire pour les nourrissons souffrant de bronchiolite.
C’est comme cela qu’est venue l’idée de créer un réseau de santé permettant non seulement d’organiser les gardes, mais également de former les professionnels et d’améliorer les liens avec l’hôpital. Avec des pédiatres, des confères et le CHU de Bordeaux, nous avons ainsi mis en place le « réseau bronchiolite Gironde » en 2003, devenu régional dès l’année suivante.
L’impact mesuré par un évaluateur externe a été immédiat, avec une baisse significative des consultations aux urgences pédiatriques les week-ends et des durées d’hospitalisation au CHU.
Nous avions constaté avec le Professeur Fayon, responsable du service de pneumo-pédiatrie au CHU, qu’un certain nombre de nourrissons pris en charge n’avaient pas de bronchiolite, mais plutôt un asthme du nourrisson, très ressemblant cliniquement, mais qui ne se traite pas de la même façon. En 2005, nous mettions en place le premier dispositif de dépistage des nourrissons asthmatiques, que nous sommes allés présenter au ministère de la santé et à la Caisse nationale d’assurance maladie.
En moyenne 5 000 nourrissons sont pris en charge chaque année pendant les gardes de kinésithérapie respiratoire, et des centaines dépistés pour l’asthme : le succès est tel que l’assurance maladie puis l’Agence régionale de santé nous demandent de prendre en charge de nouveaux patients, notamment ceux atteints de mucoviscidose et de pathologie respiratoire de l’adulte dès 2009. Il s’agit pour ces patients chroniques de perfectionner la prise en charge en médecine de ville pour améliorer la qualité de vie, les hospitalisations et les coûts en santé, conformément aux recommandations de la Haute Autorité en Santé. Compte tenu de la charge de travail que cela représente, je quitte alors la présidence du réseau pour en prendre les fonctions de coordinateur puis de directeur, fonction que j’exerce toujours à mi-temps.
Le Réseau respiratoire d’Aquitaine a pris en charge plus de 60 000 nourrissons souffrant de « bronchiolite » depuis sa création, ainsi que plusieurs milliers de patients porteurs d’une maladie respiratoire chronique. 1 500 professionnels en sont membres, ainsi que 10 hôpitaux sur toute la région Aquitaine. Nous développons des projets innovants comme le télé-suivi au domicile des patients atteints de mucoviscidose, qui montre des résultats très positifs, comme une diminution significative des cures d’antibiotiques nécessaires.
Outre la télémédecine, qui est un véritable enjeu d’avenir, la question qui sera à l’ordre du jour pour le renouvellement de la convention annuelle d’objectif et de moyens sera le déploiement du réseau sur l’ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine. Un véritable défi, notamment en regard de l’offre de soin déficitaire en zone rurale, dans un contexte budgétaire extrêmement contraint. Mais je suis certain que l’équipe que j’anime, et à qui je tiens à rendre hommage pour son implication et son dévouement, va encore une fois se surpasser.