Discours prononcé le 14 avril 2016
Madame la co-présidente du Centre Yavné, chère Michèle Roche, Madame la vice-présidente de Bordeaux Métropole, chère Virginie, Monsieur le représentant du Fond Social Juif unifié, Monsieur le président du CRIF, cher Albert Roche, Monsieur le Grand Rabbin Claude Maman, Monsieur le Rabbin de Bordeaux et du Sud-Ouest Emmanuel Valency, Monsieur le recteur de la Mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou, Monsieur le président du Conseil régional du culte musulman Fouad Saanadi, Monsieur le président du Consistoire cher Erick Aouizérate, Chers collègues élus et je salue tout particulièrement Anne Brezillon, Mesdames et Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi d’être parmi vous aujourd’hui à l’occasion de l’inauguration du nouvel espace du centre culturel Yavné, qui représente pour la communauté juive un moment important.
Cet évènement est l’occasion de renouveler mon attachement et ma considération à la communauté juive Bordelaise, si enracinée dans l’histoire de notre ville, et dont le centre culturel trouve tout naturellement sa place dans le cœur historique de Bordeaux, à deux pas du Mont Judaïque, où la présence de la communauté est attestée depuis le 3ème siècle.
Une communauté qui a souffert à différents moments de l’histoire. Un équilibre avait été trouvé avec la Révolution et la création des Consistoires, puis avec la loi de 1905 qui garantie, il faut le rappeler, la liberté de croire et de ne pas croire, et lorsque l’on est croyant, d’exprimer ses convictions religieuses. Cet équilibre a été tragiquement rompu à plusieurs reprises. Le plus terrible évènement reste sans aucun doute la Shoah qui a été facilitée et accompagnée par la politique raciste et antisémite du gouvernement de Vichy.
Plus proche de nous dans le temps, des évènements d’une insupportable violence ont eu lieu à Toulouse en 2012 ou encore à l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes en 2015. Au-delà de ces faits ancrés dans la haine à l’état brute, qui ont marqué les esprits à juste raison, il y a aussi tout un antisémitisme qui se développe dans nos sociétés, et qu’il faut combattre avec le plus de vigueur possible.
Vous le savez, la Ville de Bordeaux et son maire Alain Juppé se sont très fortement engagés dans ce combat. C’est la raison pour laquelle nous avons tout mis en œuvre pour trouver des locaux qui puisse accueillir le Centre Yavné. Parce que la communauté juive a besoin d’un espace culturel pour se retrouver, se ressourcer et se préserver, mais également pour organiser et promouvoir des actions en faveur du vivre ensemble.
A cet égard, je tenais à saluer l’engagement du Centre. Vous avez su, tout en gardant votre identité, contribuer au maintien d’une cohabitation harmonieuse entre les différentes communautés à Bordeaux. Que ce soit par exemple par l’organisation des rencontres de l’amitié judéo-musulmane, qui se sont déroulées à l’hôtel de Ville pour leur 10ème anniversaire en mai, ou encore des actions que vous menez dans les écoles et dont j’ai les meilleurs retours. Je tiens à cet égard à féliciter et à remercier pour son dynamisme la directrice du Centre Yavné, Rachel Brunel. On peut l’applaudir.
Des liens de longue date existent entre la Mairie et le Centre Yavné. Souvent des conférences sont organisées en commun et certaines se déroulent même au sein du Palais Rohan. Dernièrement le Centre Yavné a organisé la présentation du dernier ouvrage du Rabbin Claude Maman « Une vie d’espérance », à qui Alain Juppé remettra d’ailleurs la médaille de la ville de Bordeaux demain.
Ce nouveau centre culturel, hébergé dans une immeuble de Bordeaux Métropole, a pour vocation d’accueillir des citoyennes et des citoyens de confession juive de tous horizons mais aussi toute personne désireuse de vous rencontrer. Il permettra le rassemblement, le dialogue et la réflexion dans une ambiance conviviale. Cette dimension d’ouverture à l’autre est inhérente à la culture juive même si de par les persécutions subies, le peuple juif a souvent dû vivre replié sur lui-même.
Dans un monde en proie non pas à une crise passagère mais à des changements profonds qui bouleversent nos repères habituels, nous ne devons pas revenir en arrière en imitant des modèles qui eux-mêmes ont montré leurs perversion et leur limite : état totalitaire, intégrisme religieux, communautarisme ou encore nationalismes identitaires, qui sont tous dangereux pour notre cohésion nationale.
Au contraire ces bouleversements doivent nous amener à privilégier le vivre ensemble, la tolérance, le respect des différences. C’est tout le sens du dialogue entre les religions et les cultures qu’il faut absolument maintenir en luttant contre la tentation du repli identitaire qui serait la pire des options.Je vous invite d’ailleurs à la 7ème conférence interreligieuse et citoyenne qui se déroulera lundi 18 avril à l’Athénée municipal sur le thème « Les religions et l’accueil de l’autre », lors de laquelle interviendra Emmanuel Valency.
Le combat contre l’ignorance, l’obscurantisme, l’intolérance, la haine et le racisme reste aujourd’hui, et pour l’avenir, un des combats les plus nécessaires et les plus justes. Il ne pourra être gagné que si chacun s’implique : les pouvoirs publics bien sûr, mais également les citoyennes et les citoyens dans leur vie quotidienne et dans le cadre des associations, comme le Centre Yavné, qui ont aujourd’hui un rôle primordial.
Du fond du cœur merci et bravo pour ce que vous faites. Et longue vie au Centre Yavné.