Alain Juppé a présenté son programme pour les élections municipales le 17 janvier dernier au théâtre Fémina : http://www.juppe2014.fr/mon-projet/ Le Forum sur la diversité qui s’est déroulé le 22 février a été l’occasion pour lui de revenir en détails sur son projet en matière de lutte contre les discriminations, d’égalité et de laïcité, qui se décline pluiseurs axes. Dans cet article, je développe l’axe n°1 : renforcer la vigilance de la Ville contre les discriminations de tous ordres grâce au Comité bordelais contre les discriminations.
Un contexte de tension nationale qui retentit sur le plan local.
Comme l’a rappelé Clothilde Chapuis, présidente de la Licra, lors du Forum de la diversité, on assiste actuellement à une résurgence de déclaration et comportements qui mettent en danger notre pacte républicain. Au niveau national, des propos et slogans racistes, antisémites et homophobes sont apparus par exemple lors du « Jour de colère » et sur les réseaux sociaux. Sur le plan local, l’agression d’étudiants chinois et des clients d’un bar gay en 2013 montre que notre ville n’est malheureusement pas épargnée. A côté de ces agressions et stigmatisations largement relayées médiatiquement, il faut aussi prendre en compte les nombreuses discriminations qui existent, notamment en matière d’accès à l’emploi et au logement. Autant de comportements qui ne correspondent ni au bien vivre ensemble qui caractérise Bordeaux, ni à l’idéal fraternel qu’incarne Alain Juppé. C’est pourquoi il a fortement réagi à ces événements : création d’un groupe contact LGBT, interdiction du spectacle de Dieudonné « le mur » s’il était le vecteur de propos antisémites, mise en place d’une fiche de signalement des discriminations permettant de faciliter les démarches avec le Parquet, mise en valeur de la diversité bordelaise au travers de diverses expositions, etc. Mais Alain Juppé souhaite aller plus loin : c’est pourquoi la lutte contre les discriminations tient une part importante dans son programme.
Une mise en réseau des acteurs
Le Comité bordelais de veille et d’Action contre les Discriminations et pour l’Egalité, le Cobade, est une instance spécialisée de la Ville dans laquelle siège une centaine d’acteurs associatifs, personnalités qualifiées et acteurs institutionnels. En Juin 2013, Alain Juppé a installé 4 nouvelles commissions, dont une commission sur le signalement des discriminations présidée par Jean-christophe Testu, président du Collectif LGBT Girofard. Le Cobade a élaboré, en partenariat avec les services de l’Etat et les associations concernées, une fiche de signalement des discriminations permettant de saisir plus facilement les services de police et le Parquet. Cette fiche, qui est en phase de test, montre des premiers résultats très positifs. En complément à ce dispositif, les acteurs s’accordent sur la nécessité de proposer aux victimes une réponse non-judiciaire visant à favoriser l’accès aux droits. Pour ce faire, il est proposé de renforcer le réseau associatif en créant une interface unique de saisine (numéro de téléphone et site internet) qui réorienterait ensuite les victimes vers les associations compétentes. En complément, les acteurs proposent la mutualisation des moyens autour d’un poste de juriste pour les associations qui n’en disposent pas. L’avantage d’un tel dispositif serait de faciliter les démarches pour les victimes de discriminations et d’améliorer leur accompagnement.
Quantifier les discriminations pour mieux les combattre
Alors que près de 60% des français se disent potentiellement victime de discriminations*, et que plus de 30% ont le sentiment de l’être effectivement**, le Défenseur des Droits n’est saisi que d’une centaine de cas par an à Bordeaux, et le Procureur de quelques uns seulement. Les associations estiment à 400 le nombre de cas pour lesquels elles sont sollicitées chaque année. Dès lors, comment est-il possible de construire une politique efficace sans appréhender précisément ce phénomène? Quelles priorités donner si l’on ne connaît pas le vécu des victimes? C’est la raison pour laquelle les acteurs du Cobade ont proposé que cette instance puisse se réunir régulièrement sous la forme d’un observatoire des discriminations et de l’égalité. Le Cobade pourrait ainsi rassembler les données disponibles auprès du Défenseur des droits, du Procureur et des associations, mais également s’intéresser à l’ensemble des discriminations dont sont victimes les bordelaises et les bordelais qui ne vont pas toujours jusqu’à pousser la porte d’une de ces structures. Dans cette perspective, deux démarches sont envisageables : réaliser un sondage annuel pour connaître le ressenti des habitants comme cela se fait à Lyon, et mettre en place un partenariat avec des chercheurs en sciences humaines de l’Université de Bordeaux afin d’approfondir l’analyse des besoins et le ressenti des victimes. A partir de l’ensemble de ces données, un rapport annuel serait établi par le Cobade, et un suivi d’indicateurs permettrait de prioriser les actions mises en œuvre et d’évaluer l’efficacité de la politique poursuivie.
* Sondage Halde 2007
** Sondage Nova 7 et Observatoire des inégalités