Retour sur le séminaire national des élu-e-s locaux face à la lutte contre les discriminations le 7 septembre 2016 à l’Hôtel de Ville de Bordeaux.
Nous traversons une période de tensions comme rarement la France en a connu. Montée du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie, rejet de l’islam…Face à cela, le Gouvernement a progressivement abandonné toute ambition en matière de lutte contre les discriminations : suppression du secrétariat d’Etat à l’égalité réelle il y a quelques jours, suppression en 2015 de l’Agence nationale de la cohésion sociale et de l’égalité des chances (ACSE), ministère du droit des femmes qui ne s’investie plus sur la lutte contre l’homophobie…Face à cela, la création de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme est bien maigre, celle-ci se contentant d’un saupoudrage de subventions, quand les discours qu’elle tient ne sont pas en eux-mêmes stigmatisant vis-à-vis de l’islam.
Face à un besoin de promotion de l’égalité sans précédent en France, les élu-e-s locaux ne se satisfont pas de l’inertie des pouvoirs publics. C’est pourquoi, l’Inter-réseau du développement social urbain, qui regroupe les acteurs de la politique de la ville en faveur des quartiers prioritaires, a organisé un séminaire sur la lutte contre les discriminations à l’Hôtel de Ville de Bordeaux le mercredi 7 septembre. Les élu-e-s venu-e-s de toute la France, notamment de Rennes, de Strasbourg et de Dunkerque, ont décidé de s’organiser en réseau afin d’interpeller le Gouvernement sur la faiblesse des politiques publiques en matière d’égalité. Par la suite, ce seront les candidats à l’élection présidentielle qui seront mobilisés sur cette thématique.
Une grande partie des débats de ce séminaire a été consacrée à la laïcité, qui est aujourd’hui mal interprétée et sert d’alibi à des discours de haine et à des discriminations envers les musulmans. Il a été souligné l’importance pour les élu-e-s locaux d’être des modérateurs sur le terrain, et des pédagogues, pour rappeler que la loi de 1905 et la Constitution garantissent la liberté de conscience. C’est-à-dire la liberté de croire et de ne pas croire, et lorsque l’on est croyant, d’exprimer ses convictions religieuses. Le chemin sera long pour remettre au premier plan la lutte contre les discriminations. L’union des acteurs de terrain est une première étape essentielle.